Rallye des Ancêtres en Picardie

Les derniers des Mohicans
Des ancêtres sur la route ? Une espèce en voie de raréfaction. Pourtant, voir évoluer 63 véhicules vieux de 102 à 141 ans est un véritable enchantement. Nous les avons suivis, le 7 octobre, sur les routes picardes.

Il pisse, à l’arrêt, devant le château de Vic-sur-Aisne. Le vénérable break de chasse Panhard & Levassor de 1898 vient de boucler un périple de 60 km qui a fait bouillir l’eau dans la marmite.

Vu son âge canonique, on lui pardonne ses soucis d’incontinence. Une De Dion nettement plus moderne – elle date de 1904 – a crevé 4 fois ! Son jeune équipage est épuisé. C’est la seule qui finira sur le camion plateau.

Car ces autos sont fiables. Et si elles tombent quelquefois en panne, leurs propriétaires qui les connaissent par cœur s’en sortent toujours. Il n’y a qu’à voir leur flegme lorsque la mécanique commence à cafouiller. On les soupçonne même de le faire exprès, tellement plonger leurs mains dans des mécaniques simples, limpides et extrêmement bien conçues est pour eux un plaisir. Certains auraient même dit : «On n’a pas fait mieux, depuis !»

Le Rallye des Ancêtres en Picardie est une promenade unique en France, organisée par le plus ancien club national. Les Teuf Teuf ont été créés en 1935, à une époque où la Traction était la dernière nouveauté révolutionnaire. L’idée de ce périple pour véhicules d’avant 1906, c’est le docteur Jean-Pierre Guihery Le Rolland qui l’a eue, il y a 17 ans.

Son fils Christophe véhicule la mémoire de cet ancien président des Teuf Teuf, disparu il y a deux ans : «Mon père fut l’initiateur de ce rallye qui circula, pendant 12 ans, sur les routes des Hauts-de-Seine, berceau historique de l’automobile en France. On partait des haras de Jardy, ça avait de la gueule ! Puis nous avons été contraints de changer d’endroit, il y a 5 ans. Alain Lamm, qui est administrateur des Teuf Teuf et habitant de Compiègne, a repris l’organisation, sous la coupe de mon père. Puis celui-ci est décédé, mais le rallye continue. J’en suis ravi, croyez-moi».

Christophe, qui fait rouler un tonneau Renault de 1902 légué par son père, se prend souvent à rêver d’un Londres-Brighton à la française : «On pourrait tout à fait organiser l’équivalent en France, tous les deux ans par exemple. Mon père motivait beaucoup les Anglais car ils sont toujours prêts à sortir. Voyez le succès du rallye d’outre-Manche. Il réunit plus de 500 ancêtres d’avant 1905 !»

Article complet dans LVA n° 1287, disponible en kiosque le jeudi 18 octobre 2007.